Patrimoine maritime et industriel

Moulins à eau

Montivilliers, Épouville, Rolleville

Entre Épouville et Montivilliers, plus d’une trentaine de moulins a contribué à l’essor économique de la vallée. Quelques vestiges témoignent encore du rôle du petit fleuve côtier.

Un système fluvial complet

La Lézarde prend sa source à Notre-Dame-du Bec. Ce fleuve de 14,5 km se jette dans l’estuaire de la Seine jouit d’une forte dénivellation : 44 m contre 30 m pour la Seine, par exemple. Depuis le Moyen Âge, sa force motrice a servi au fonctionnement de moulins qui broyaient le blé, l’écorce de chêne, les chiffons ou des graines oléagineuses pour obtenir de la farine, du tan, du papier ou de l’huile. La plupart se situaient à Montivilliers et Épouville. On trouvait également de nombreux moulins sur ses affluents, la rivière Saint-Laurent et la Rouelles.

Un moulin, plusieurs fonctions

D’abord moulin à huile et à foulon, le moulin de la Drille à Épouville devient moulin à papier en 1787 puis à blé en 1840. On y devine encore facilement l’emplacement de la roue.

Le site du moulin de Rolleville

Le moulin de Rolleville, Montivilliers
© Pays d'art et d'histoire Le Havre Seine Métropole
Le moulin de Rolleville, Montivilliers
© Pays d'art et d'histoire Le Havre Seine Métropole
Abords de la Lézarde, à proximité du moulin de Rolleville, Montivilliers
© Pays d'art et d'histoire Le Havre Seine Métropole
Abords de la Lézarde, à proximité du moulin de Rolleville, Montivilliers
© Pays d'art et d'histoire Le Havre Seine Métropole

Symbole de richesse

Avant la Révolution de 1789, seuls les seigneurs et les abbayes pouvaient construire et entretenir les moulins. Des serfs y produisaient, curaient la rivière ou entretenaient le mécanisme. La population locale avait l’obligation d’utiliser ces moulins banaux jusqu’à l’abolition de la banalité à la Révolution française. Sur le plan architectural, le moulin présente souvent un plan simple et ramassé : du côté de la rivière, le mécanisme du moulin ; de l’autre, l’habitation du meunier.

Une source de conflits

En 1724, pour mettre fin aux querelles entre paysans et meuniers, le Parlement normand prend deux arrêtés précisant les réglementations des poids, balances et mesures et interdisant toute communication entre la trémie du moulin et l’appartement du meunier. Plus tard, au 19e siècle, les progrès techniques font passer l’activité artisanale des moulins à une forme d’industrialisation. Sous l’effet des besoins croissants de la boulangerie, les moulins à blé sont transformés en minoterie, comme le Grand moulin d’Épouville. Les meuniers sont alors nombreux dans la vallée. Pour limiter les conflits entre eux, la hauteur des eaux, qui détermine la puissance de la chute, est fixée par un trait vertical gravé dans la maçonnerie, avant les vannes, puis enregistré par arrêté préfectoral.

Le saviez-vous ?

Les moulins se multiplient tant qu’au 19e siècle la France en compte 100 000, soit un moulin pour 300 habitants.